400 tracteurs

Combien de personnes sont venues célébrer les 100 ans de tracteurs Renault ?

Notre marque bien-aimée a produit elle-même des tracteurs pendant 85 ans. Mais lors de cet événement à Saint-Gervais-en-Belin, on avait l’impression de découvrir une marque toujours vivante et actuelle. Les drapeaux verts flottaient sur les lieux comme à la grande époque.  

Chaque année, au sud du Mans, a lieu un événement agricole organisé par plusieurs villages. L’anniversaire de Renault a été couplé à cet événement. Le samedi était déjà fort chargé, avec plusieurs milliers de visiteurs. Mais le dimanche a attiré encore plus de monde, dont des promeneurs de la région effectuant une balade dominicale. Un véritable succès !

Pas moins de 400 tracteurs Renault étaient présents lors de cet événement. Une grande partie d’entre eux appartenaient à des clients d’un ancien grand concessionnaire Renault de la région, qui comptait cinq succursales. Et on trouvait bien sûr aussi les collectionneurs et leurs magnifiques engins. Ce mélange des genres créait un paysage coloré et contrasté. 

C’est peu après la première guerre mondiale que Renault a développé son premier tracteur, le GP, qui était basé sur la technique du char FT. De ce tout premier tracteur, il ne subsisterait aujourd’hui plus qu’un seul exemplaire connu (voir ci-dessus). L’Amicale du Tracteur Renault avait amené le deuxième tracteur à chenilles de la marque : le type HI (en haut à gauche), une évolution du GP. Le troisième tracteur de l’histoire de Renault est le HO, le premier doté de roues ordinaires. L’Amicale avait aussi amené un exemplaire parfaitement restauré de ce modèle. Cette association, qui est installée dans l’usine Claas (ex-usine Renault) avait encore apporté sur place un Renault Master fraîchement restauré, un D22, un 304 E et un PE parqué à côté d’un moteur stationnaire.

Pendant des dizaines d’années, Renault a aussi livré via son réseau de concessionnaires de tracteurs un bon nombre de machines fabriquées par d’autres constructeurs et repeintes aux couleurs de la marque française, comme ici une ramasseuse-presse, mais aussi le Renault 110 (Claas) ou encore la presse à balles rondes R54.80.A de Rivière Casalis.

Le public pouvait admirer une grande série de tracteurs Renault d’avant-guerre sur le lieu du festival, à Saint-Gervais-en-Belin. Avant 1940, Renault a produit au total environ 4.000 exemplaires de ces engins, aujourd’hui devenus très rares. On remarquait un Renault RK de 1928, avec moteur dit à “boule chaude”, qui carburait au diesel. Seulement 113 exemplaires de ce modèle furent produits. Quant au PE-2, c’est la dernière variante du type PE (1.840 exemplaires), dont le radiateur avait été déplacé vers l’avant. Les Renault YL (529) et AFV (532) sont en fait deux “frères”. La différence entre eux réside uniquement dans l’appellation et le moteur : le YL dispose d’un bloc 1,5 litre à essence hérité de la Celtaquatre, tandis que l’AFV est lui animé par le moteur « 85 » 2,4 litres à 4 cylindres de la Vivaquatre. Durant la guerre, Renault a produit 1.186 exemplaires de l’AFV équipés d’un moteur à gazogène, baptisés AFVH. Durant les hostilités, seule une petite poignée d’autres tracteurs est apparue. Lors de cet événement dédié aux 100 ans de production de tracteurs Renault, on trouvait aussi un 301D : un gros modèle peint dans la teinte caractéristique associant le gris clair et le rouge. Il s’agit ici du seul prototype jamais fabriqué de ce tracteur diesel.

Le Renault HO des années 20, premier tracteur à roues ordinaires (210 exemplaires), a une apparence assez comique. Le PE, un peu plus récent, ressemble davantage à un véritable tracteur. Quant au Renault VY, apparu environ sept ans plus tard, c’est le premier tracteur qui dispose d’un véritable moteur diesel, en l’occurrence un bloc à 4 cylindres de 4,3 litres. Quelque 218 exemplaires de ce modèle ont été produits. 

Les modèles des séries D et N étaient très bien représentés sur place. Il faut dire que le D22 est le modèle Renault le plus produit de l’histoire. La région du Mans n’est pas une zone viticole et la présence de tracteurs à voies étroites était donc assez limitée sur place.

Les modèles à nez angulaire des années 70, les versions TS/TX/TX ainsi que les plus récents Ares et Temis, étaient présents dans un grand nombre de variantes différentes. Des tracteurs qui sont pour beaucoup encore en usage aujourd’hui.

On regrette par contre qu’il n’y ait pas eu plus de véhicules en mouvement sur le lieu du festival. Certes, il y a bien eu une courte parade le samedi en début d’après-midi, mais dès qu’ils sont arrivés sur le lieu de l’événement, les tracteurs se sont empressés de rejoindre leur emplacement.  La démonstration d’un modèle 304E à gazogène Imbert a toutefois attiré le public, de même que le tour d’honneur de modèles HO et PE-2.

Les voitures classiques étaient peu présentes lors de cet événement. Mais nous avons tout de même aperçu une Renault 4CV issue du service d’entretien d’une concession (un modèle de couleur orange et blanche), ainsi qu’une R4 Fourgonnette de service ou encore une rare Renault 12 Sociéte portant le lettrage de « Renault motoculture », l’un des noms sous lequel la branche agricole de la marque opérait. Quant à savoir si un nouvel événement regroupant pas moins de 400 tracteurs Renault pourrait à nouveau être organisé, cela n’est pas certain du tout. 

En parlant de raretés, voici un MotoMeccanica Super 108, un modèle vendu par Renault pendant quelques années à partir des années 60, à côté de la série N. Il s’agit d’un tracteur d’origine italienne qui a permis à Renault de répondre à la demande des clients recherchant un modèle plus puissant. À cette époque, le Renault 385 était en plein développement. Mais comme la demande d’un si gros modèle était encore limitée à l’époque, il en fut de même des ventes. Cet exemplaire porte un badge Renault.

Les connaisseurs reconnaitront ce modèle qui remonte aux environs de 1960. Il s’agit d’un Renault D35 aménagé et doté d’un grand bac avant pour enlever du sable.

Aujourd’hui, la transmission intégrale pour les tracteurs n’est plus une nouveauté. Mais on peut dire que Renault a ouvert la voie avec la série Super D. Tant les 5D, 6D que 7D étaient disponibles avec un pont avant moteur, tout comme les plus gros Master 1 et 2. André Anglade est l’heureux propriétaire d’une série de modèles Renault 4x4, dont les 456, 486, 489, 496 et 498. Il les avait tous amenés sur place, de même qu’une extrêmement rare version industrielle du Master : le Master TP.

Les tracteurs doivent s’adapter à des types de terrains très différents et les modèles standard de la gamme ne suffisent parfois pas. À travers son réseau, Renault a donc proposé plusieurs solutions originales et spécialisées à chaque cas. Nous avons pu apercevoir quelques créations spécifiques lors de cet événement dédié aux 100 ans de production de tracteurs, comme ce Renault 385 équipé d’une sorte de chaîne autour de la roue arrière et d’une plus petite roue située devant. Une solution particulière qui permettait d’affronter les sols glissants et instables. Le fabricant ou fournisseur de cet équipement particulier n’est malheureusement pas mentionné.