Un mastodonte sympathique

Gerwin se souvient des tracteurs Renault de sa jeunesse. "Mon père a encore un 781 à la ferme depuis longtemps. À un moment donné, il a eu l'occasion d'acheter un 1181-4. Je pensais que c'était un tracteur de rêve, mais mon père le trouvait un peu trop gros et trop puissant. Et il avait raison, bien sûr."

Le premier Renault de Gerwin, issu de la célèbre série 1 des années 1970, était un 981-4, avec un moteur 6 cylindres M.W.M. de 5,7 litres. "Avant ce tracteur, j'avais déjà rendu visite à quelqu'un qui avait un Valhalla de pièces Renault. J'y suis retourné il y a deux ans pour des raisons spécifiques. J'ai failli acheter un 1181-4 en Alsace à l'époque. Mais malheureusement, j'arrivais juste un jour trop tard. C'était un beau tracteur avec pour seul défaut un moteur cassé."

"Le fournisseur de pièces détachées avait tellement de pièces Renault qu'il a été facile d'assembler un tracteur complet à partir de ces pièces. C'était aussi mon idée. J'ai cherché le châssis d'un 1181-4, mais aussi l'essieu arrière, l'essieu avant et bien plus encore."

Malgré le problème de la langue, l'homme a transmis une question importante à Gerwin : "Que voulez-vous vraiment ?" Gerwin voulait un 1181-4. Il y en avait un dans ses locaux. Moteur cassé, ailes pourries, rampes tordues et plus aucun revêtement. En bref, une épave, mais complète avec le mérite d'avoir ses papiers en règle. Je l'ai acheté à la condition que toutes les pièces manquantes soient incluses. Mon frère l'a récupéré et j'ai pu commencer.

Gerwin a démarré sur les chapeaux de roue. Il possède un hangar dans la ferme de son père où presque tout est lié à Renault. "Je me suis levé tôt le matin pour pouvoir passer quelques heures à travailler sur le tracteur avant d'aller au travail".

Pour le moteur, notre ami Gerwin en a déniché un autre, car le bloc D 226-6 original de M.W.M. avait une fissure de 56 centimètres au niveau de la culasse. Gerwin a été surpris de constater qu'il n'y avait pratiquement aucun jeu sur l'essieu avant.Il a attribué cela à l'utilisation dans le sol argileux français, où un tel essieu s'use moins vite. Techniquement, le tracteur n'était pas trop mal.  Toutes les pièces ont été sablées et peintes. "J'ai mélangé moi-même 80 litres de peinture orange. Je veux reconstruire deux autres tracteurs à partir de zéro. Avec le rare 1451-4, je suis déjà sur la bonne voie. J'en ai déjà terminé plusieurs parties. J'ai également mélangé moi-même la peinture pour les roues en quantité suffisante pour plusieurs exemplaires. C'est seulement un peu moins beige que la peinture d'origine."

Juste avant de poser la cabine, alors que le châssis, les essieux, le bras oscillant et le moteur avaient été fraîchement peints par un ami, Gerwin a fait tourner le moteur pour la première fois. En très peu de temps, il pouvait déjà entendre que le joint de culasse fuyait. Celui lui a donc laissé une belle somme de travail supplémentaire à effectuer. 

Le tracteur s'écarte de l'original d'usine sur un certain nombre de petits détails. Gerwin, par exemple, a remplacé les ailes arrières en piteux état par des modèles plus larges afin de pouvoir monter des pneus plus larges et légèrement plus hauts. Les panneaux arrière des marches sont parfaitement adaptés. Les pneus arrière ayant une circonférence plus importante, le tracteur est parfaitement horizontal vu de côté, alors que les gros six cylindres de l'époque avaient plutôt le nez en l'air. De même, le tableau de bord n'est pas recouvert de simili cuir noir. Le tableau de bord peint est très beau sur le tracteur et colle parfaitement avec l'état neuf de la cabine. En plus du réservoir standard de 117 litres, il a monté un second réservoir de 205 litres.

Gerwin est heureux que sa famille le soutienne dans son hobby. "Ma femme voit ma passion et la comprend. Elle voit aussi que je termine les choses et que je ne laisse pas les projets échouer. Comme par exemple, ce projet intermédiaire de poteau en acier pour accrocher le caisson lumineux d'un concessionnaire agricole Renault. On dit toujours que derrière un homme fort se cache une femme encore plus forte, et c'est certainement le cas pour moi.

Tous les autocollants du Renault 1181-4 de Gerwin sont neufs. Certains d'entre eux, surtout ceux de l'extérieur, ont été fabriqués à Kalmthout, un ville dans le coin. Il s'agit des barres noires sur le capot et des autocollants Blocamatic situés juste en dessous. Gerwin se donne beaucoup de mal à ce sujet. "Les lettres Blocamatic et le cadre sont détachés sur mon capot et n'ont pas été imprimés sur du matériel autocollant transparent. Il a trouvé tous les autocollants pour la cabine en France. Aussi bien les autocollants des vitres que, par exemple, les autocollants sur les leviers du relévage Tracto-Control.

En parallèle de la restauration, Gerwin a mis de l'ordre dans les documents de son 1181-4. Cela n'a pas toujours été facile. Le certificat d'immatriculation était au nom d'un certain Bernard Duprez de Croisilles dans le Pas de Calais. Cela laisse supposer qu'il pourrait s'agir du lieu d'activité du concessionnaire Gueudet Motoculture. Bien que Gerwin aime restaurer des tracteurs, le résultat final doit être utilisable. C'est pourquoi il accroche régulièrement une machine dans l'unité de levage (avec un cylindre de levage supplémentaire) pour effectuer certains travaux. Ensuite, il nettoie méticulusement son Renault de fond en comble. Un traitement exceptionnel pour un tracteur diront certains. 

Parmi les R7674, 400 unités ont été construites en 1151-4 du 1er juin 74 au 1er décembre 76. Le modèle 1181-4 a été produit à 2 557 exemplaires du 1er février 1976 au 14 novembre 1980. Son successeur, le 1181-4 S, Renault en a produit à 622 exemplaires du 14 novembre 80 au 30 septembre 82. Un total de 3 579 tracteurs ont été fabriqués.