Louis Renault était l'un des grands noms de son époque et, si l'on considère le rôle qu'il a joué dans l'industrie automobile et dans la France en tant que nation, ce petit homme en fait toujours partie. Chaque preuve tangible de son existence est particulière.
Photo : Comme si Louis Renault avait fait de l'équitation ou du ski hier et qu'il avait négligemment posé ses skis dans un coin !
Suivre littéralement les traces de Louis Renault. Est-ce impossible ? Pourtant, cette possibilité s'est présentée d'un côté inattendu. Une conversation avec Hugues Portron, responsable du département Renault Classic, a révélé qu'il y avait dans les archives quelques objets privés appartenant à Louis Renault. Hugues ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Le fait qu'il n'y en ait pas beaucoup était également connu d'avance. Néanmoins, nous avons pris rendez-vous avec le responsable des archives, qui se trouvent dans un bâtiment ultramoderne au Plessis Robinson, à quelques kilomètres de Boulogne-Billancourt.
Toute recherche de vestiges témoignant de l'existence terrestre de Louis Renault se termine par une sorte de pèlerinage. Même si celui-ci ne comprend pas la descente dans un ascenseur ultramoderne jusqu'au parking en sous-sol où se trouvent les archives. Ces salles sont principalement remplies de papier : dépliants, manuels d'utilisation, manuels de réparation, livres de pièces détachées, dossiers de presse, photographies, mais aussi des dizaines de milliers de diapositives, pas moins de trois mille modèles réduits, des voitures à pédales et des trophées gagnés lors de diverses manifestations sportives.
Quelque part au fond, en haut d'une étagère, on aperçoit soudain deux vieux skis peints en rouge foncé, avec les bâtons qui les accompagnent. Louis Renault lui-même s'est tenu debout sur ces skis. À l'avant, le logo Renault est peint en jaune, mais la véritable preuve du propriétaire d'origine se trouve dans deux majuscules métalliques L et R clouées sur les deux skis, juste avant les fixations. Les mêmes initiales ornent également les deux pinces utilisées pour maintenir les skis ensemble. Ils sont de fabrication scandinave. La peinture rouge n'est plus présente sur certaines parties des skis et les lanières de cuir sont très desséchées. Louis Renault les a mis un jour dans un coin d'une de ses maisons et ils y sont restés longtemps.
Photo : Il n'est pas certain que les skis sur lesquels Louis Renault se tient ici soient les mêmes que ceux qui se trouvent dans les archives. La photo a été prise en 1930.
Il en va de même pour les bâtons, . Ils sont en bambou et peints de la même couleur rouge. Ils sont de la même construction que les deux bâtons de marche qui subsistent également.
La collection est complétée par une paire de bottes d'équitation et des chaussures mi-hautes. Ce n'est évidemment pas du prêt-à-porter, mais des chaussures spécialement fabriquées pour Monsieur Renault lui-même ! Elles sont dans un bel état, avec les tendeurs en bois encore en place et des semelles qui ne montrent pratiquement aucun signe d'utilisation. On peut presque voir Louis Renault se promener avec. Vu le style des chaussures et des bottes, elles datent des débuts du constructeur automobile. Pensez à la mode entre 1890 et 1910.
Photo : De magnifiques chaussures faites sur mesure qui datent des débuts de Louis Renault en tant que constructeur automobile.
Tout aussi intéressante est l'histoire derrière ces objets, qui témoignent d'une toute autre époque dans des archives sombres. Vers 2005, les skis, les chaussures et les bâtons ont atterri dans les archives via un concessionnaire Renault du sud de la France. Ils y ont été apportés par Bruno Denis qui habite à Saint-Jean-de-Luz, très loin de Boulogne-Billancourt. Il a reçu les objets de la succession de son père.
"Lorsque mon père a pris sa retraite au milieu des années 1960, la cuisinière de Mme Renault lui a demandé s'il serait intéressé par un emploi de chauffeur privé. Il l'a fait pendant environ deux ans". À l'époque, Christiane Renault vivait dans l'immeuble acheté autrefois par Louis Renault sur la prestigieuse avenue Foch (numéro 90) à Paris. Les relations entre madame et son chauffeur étaient apparemment très amicales, elle lui a offert un chiot schnauzer à cette période, mais aussi, et c'est beaucoup plus important, les objets mentionnés. "Ils étaient dans le grenier et elle voulait le vider. Entre-temps, mon père est décédé il y a plusieurs années et après la vente de sa maison, j'ai pris ces objets chez moi. J'ai pensé qu'ils appartenaient aux archives de Renault, afin qu'un jour ils puissent en faire quelque chose, par exemple lors d'une exposition sur Louis Renault. C'est pourquoi je les ai confiés à mon concessionnaire Renault, qui a veillé à ce qu'ils se retrouvent au bon endroit", explique Bruno Denis.