Renault a lancé la première Monaquatre de type UY au Salon de Paris en 1931. Elle est équipée d'un moteur quatre cylindres de 1 299 cm3 qui, selon la loi française a une puissance fiscale de 7 CV. La production a débuté en septembre de cette année-là et, en 12 mois exactement, 9 564 UY sont sortis de la chaîne de montage à Billancourt.

Le suivi est double. L'UY1 bénéficie de plusieurs modifications de carrosserie mais conserve son moteur de 1,3 litre. Avec 1 870 unités et seulement quelques mois de production, ce modèle a connu une courte carrière. Il en va autrement pour la Monaquatre 8 CV qui est produite plus de 14 000 fois sous la dénomination YN1. Renault prend à cœur les commentaires sur le moteur trop limite et propose un nouveau bloc quatre cylindres de 1 463 cm3 à l'alésage plus important. La voiture dispose ainsi d'une puissance réelle de 30 ch, suffisante pour atteindre une vitesse de pointe d'environ 100 km/h avec un poids de véhicule de 1 040 kg. Alors que la UY1 n'est disponible qu'en version berline quatre portes sans enjoliveurs, le choix avec la YN1 est plus vaste : quatre portes avec ou sans malle, une commerciale, une deux portes avec quatre sièges ou avec deux sièges et un grand espace pour les bagages. Au début de l'année 1933, un Coach Sport a été ajouté. Au départ, le capot était muni de 24 stries des deux côtés, et la grille était verticale. Avec l'apparition du Coach Sport, ces derniers ont été remplacés par une grille légèrement inclinée vers l'arrière et trois volets d'ouverture des deux côtés du capot.

Cette configuration se retrouve également sur cette Monaquatre YN2, un modèle intermédiaire qui, plus tard, en 1934, a cédé la place à la YN3 dont la carrosserie est plus aérodynamique. La calandre entièrement chromée est inclinée un peu plus vers l'arrière. De plus, cette version est équipée d'un moteur dit SA. Ces lettres signifient "Suspendu Amorti", une suspension de moteur qui filtre les vibrations.

 La première série YN2 était équipée d'un pare-chocs avant droit, tandis que les dernières variantes en recevront un avec une courbure au milieu. On peut

également voir une roue de secours contre l'aile avant droite. Il devient alors évident qu'il s'agit d'une Monaquatre Commerciale YN2. En cherchant la plaque ovale, nous tombons sur le numéro de production 7.302. Ce numéro indique que la production a eu lieu au début du mois de mars 1934. Il y a une certaine confusion à cause de la plaque losange contre la cloison. On y lit le type YPB qui correspond au fourgon à deux portes de la Monaquatre.

Nous parlons à Guy Prudhomme, de Vauvillers qui a acheté cette Monaquatre en 1992 près de Belfort. "Malheureusement, je ne sais rien de l'histoire de cette voiture. Je me souviens que l'homme à qui je l'ai achetée a échangé la voiture contre de la ferraille. Moi aussi, je l'ai échangée contre une moto de 1914".

Il est souvent arrivée dans les quelques années d'après-guerre que des documents soient perdus ou que des voitures soient échangées entre des concessionnaires et des ferrailleurs sans documents. Un modèle similaire à celle-ci avait été retrouvée dans une casse avec tous ses papiers.

Guy a restauré la Monaquatre avec son frère. "La carrosserie était sous ma responsabilité. J'ai travaillé pendant 33 ans dans la réparation de carrosseries chez un concessionnaire Renault. Après trois voitures appartenant à mon frère, il m'a demandé pourquoi je ne m'étais pas acheté une voiture. Et puis je suis tombé sur cette Monaquatre. Mon frère possède un grand atelier où tout a été sablé. La carrosserie a été entièrement réparée à l'ancienne sans utiliser de mastic. Au bout de deux ans, la Renault était prête.”

Au moment de l'achat, la Monaquatre était loin d'être complète. Guy a petit à petit trouvé un bras oscillant, des sièges, une banquette arrière et des phares d'origine. Une Commerciale a besoin d'un aménagement spécifique avec une banquette arrière rabattable, les dossiers des sièges avant peuvent également être inclinés. En effet, l'arrière de la carrosserie peut être ouvert en deux parties pour faciliter le chargement de gros objets. Cela explique aussi pourquoi la roue de secours n'est pas à l'arrière, mais contre le côté droit.

Guy ouvre la vitre arrière avec une clé spéciale. On ne peut pas ouvrir la moitié inférieure, qui est fixée au dossier du siège arrière à l'aide de vis. Comme cette banquette est entièrement placée à l'arrière de la voiture, la Monaquatre offre beaucoup de place pour les jambes à ses passagers arrière. Les sièges et la banquette sont garnis de cuir artificiel, tout comme les montants et les panneaux de porte. Cela ajoute à la double fonction de la Monaquatre Commerciale : elle est utilisée par les propriétaires de magasins ou d'entreprises pendant la semaine et le week-end en famille. Le tableau de bord est entièrement peint dans la couleur de la carrosserie et porte en son centre l'indicateur de vitesse octogonal.  Le levier de la boîte à trois vitesses s'élève du plancher et, à droite, se trouve le levier du frein à main. Le pare-brise peut être relevé au moyen d'une molette située en bas. Bien entendu, le vitrage des portes s'ouvre également à l'aide des leviers bien connus.

Le moteur compact est volontaire et donne une impression de puissance. Pourtant, on remarque tout de suite en partant que la circulation était nettement moins dynamique dans les années trente qu'aujourd'hui.  Avec 30 chevaux en montée et en descente, il faut être patient et attentif. Dorian est sur le siège passager et observe les actions de Guy avec intérêt. Il lui a acheté la Renault une semaine plus tôt. Au début, il a seulement demandé si la voiture pouvait être utilisée pour le mariage de sa fille. Mais cela a finalement abouti à l'achat.

 Après avoir terminé la Monaquatre, Guy a souvent participé à des événements organisés par l'AutoRetro Vosgien, un club local de voitures anciennes. Ils conduisaient souvent avec environ cinq voitures pour participer aux événements. Mais comme ces personnes partaient, il a également mis fin à son adhésion. Il est temps que d'autres personnes profitent de cette Renault multifonctionnelle. Le château et les écuries de Vauvillers (Haute-Saône) forment un décor approprié.

En détail...

Renault Monaquatre Commerciale 1934

Specifications (YN2)

Moteur :

Construit dans le sens longitudinal avant, alésage x course 70 x 95 mm, cylindrée 1 463 cm3, puissance d'environ 30 ch, puissance fiscale 8 CV, soupape latérale, carburateur automatique à niveau constant. Vitesse maximale 100 km/h.

Boîte de vitesses :

Manuelle, boîte de vitesses à trois rapports avec une marche arrière. Transmission : 1ère - 3.12, 2ème - 1.86, 3ème - 1.00, marche arrière - 3.12. Bras oscillant Banjo avec transmission finale 9 x 47.

Freins :

Frein mécanique actionné au pied sur les quatre roues. Freins à tambour sur tout l'ensemble, diamètre 264 mm. Frein à main sur les roues arrière. Pneus 12 x 45, basse pression.

Dimensions :

Longueur 4 000 m, empattement 2 650 m, largeur 1 610 m, largeur de voie avant et arrière 1 300 m, poids du véhicule 1 040 kg, capacité du réservoir de carburant 35 litres.