Louis Renault avait déjà déposé un brevet concernant le turbo en 1902. Mais la technique est restée très longtemps dans les tiroirs. C’est dans les années 70 que le turbo a fait son entrée en compétition chez Renault. Et si la « grosse » Renault 5 Turbo reste pour beaucoup le modèle turbo emblématique de la marque, cette version suralimentée de la Renault 5 Alpine est arrivée juste un peu après.
À sa sortie en 1972, la Renault 5 à 3 portes a créé la surprise. Avec un encombrement de seulement 3,5 mètres de long, le modèle était ultracompact. Et il offrait pourtant beaucoup d’espace intérieur. La tenue de route étonnait également par sa rigueur. Bref, Renault avait créé une nouvelle référence dans le segment des petites voitures. Et la Renault 5 a également été fort utilisée en sport automobile.
Au début, on trouvait la variante TL à moteur 4 cylindres de 956 cm³. Mais elle a rapidement laissé la place aux plus puissantes Renault 5 LS et TS, qui étaient animées par un moteur à 4 cylindres de 1.289 cm³. Mais ces versions n’étaient bien sûr pas destinées à une carrière sportive. Pour cela, il a fallu attendre 1976 et l’arrivée de la Renault 5 Alpine. Pour ce modèle, le constructeur a fait bien plus que simplement placer un moteur puissant sous le capot. L’équipe de développement a aussi adapté le châssis et installé des renforts de carrosserie.
Du bon boulot, puisque la voiture a dominé bien des concurrentes, non seulement dans les coupes sur circuit, mais aussi en rallye, notamment celui de Monte Carlo. En 1979, la R5 profitait d’un restylage et de quelques évolutions. Le turbo était alors de plus en plus utilisé en sport automobile. Après l’avoir développé pour la Formule 1, Renault va adapter progressivement le turbo aux modèles de série.
Peu de temps après le lancement de la grosse 5 Turbo, la Renault 5 Alpine y aura donc droit aussi. Elle sera alors rebaptisée Renault 5 Alpine Turbo. Le moteur de base était celui de la version atmosphérique, à savoir le bloc à 4 cylindres de 1.397 cm³. Il s’agissait toujours du bloc Cléon très fiable qui avait débuté sa carrière sous le capot de la Renault 8, en 1962.
Mais ici, le moteur recevait donc l’ajout d’un turbocompresseur Garrett T3, ce qui a littéralement boosté les performances. La puissance passait en effet de 93 à 110 ch. Belle progression aussi pour le couple, qui passait de 114 à 147 Nm et à peu près au même régime. Cette évolution de puissance et de couple a entraîné une hausse de la vitesse de pointe de 10 km/h, tandis que le sprint de 0 à100 km/h était désormais bouclé en moins de 10 secondes.
La boîte de vitesses manuelle à 5 rapports existante restait en service et se situait toujours devant le moteur, pratiquement collée au pare-chocs avant. Un pare-chocs qui avait d’ailleurs dû être redessiné par rapport à celui des autres R5, justement car cette boîte 5 était plus imposante que l’unité à 4 rapports des variantes de base. Cela allongeait la voiture de quelques centimètres, comme c’était donc déjà le cas de la R5 Alpine atmosphérique. Extérieurement, les versions atmosphérique et turbo étaient d’ailleurs pratiquement totalement identiques. La voiture reposait sur des jantes en alliage léger de 13 pouces, chaussées de pneus 155/70 HR 13, tandis que les voies étaient nettement plus larges que celles des Renault 5 standard. Quant à l’exemplaire qui nous occupe ici, appartenant à Renault Classic, il est monté sur des pneus 175/60 R 13. Cette voiture est entrée récemment au sien de la collection de Renault Classic.
La voiture présentée ici est peinte dans la couleur « Bleu Alpine », une teinte suggestive et très convoitée. Une couleur qui a aussi connu beaucoup de nuances dans l’histoire de la marque. Finalement, le seul changement par rapport à la version à moteur atmosphérique, c’était l’apparition du nom « Turbo » sur la carrosserie. On trouve des badges sur la calandre et le hayon, ainsi que des stickers sur les ailes arrière et la lunette arrière. Les premiers exemplaires de la 5 Alpine Turbo quittaient également l’usine avec la mention « A5 » sur les ailes.
La Renault 5 Alpine turbo est aujourd’hui l’une des sportives Renault les plus recherchées. Sa valeur actuelle sur le marché est d’ailleurs très élevée. Mais comment roule cette petite boule de nerfs à notre époque ? Selon les standards actuels, les valeurs de puissance et de couple n’ont rien d’impressionnant. Mais la voiture ne pèse que 844 kilos ! Dès le démarrage du moteur, un grand « boum » s’échappe de l’échappement. Sur le tableau de bord, on remarque qu’un manomètre de pression du turbo avait été ajouté sur ce modèle. On le garde à l’œil pour cet essai sur circuit. Ce manomètre permet de clairement voir que le turbo met du temps avant de souffler. Ce n’est qu’à partir de 3.000 tr/min que l’aiguille de pression du turbo bouge. Et à ce moment, on ne sent encore pratiquement rien... Donc, on pousse la pédale de gaz encore plus fort. Le turbo se réveille alors pleinement. Et on sent nettement l’augmentation de puissance qu’il apporte. Mais le moteur ne fonctionne pas comme les turbos modernes car il faut ici monter dans les tours pour que le moulin donne le meilleur de lui-même. C’est ça qui rend cette petite sportive à l’ancienne si sympathique. Il faut constamment changer de rapport pour maintenir le turbocompresseur dans sa bonne plage de régime.
Comme on l’a mentionné plus haut, les développeurs de la 5 Alpine avaient aussi à l’époque apporté une grande attention au développement du châssis. Mais, malgré les barres antiroulis épaisses et l’amortissement raffermi, la voiture bouge toutefois assez bien en courbe. Il faut donc un peu de temps pour appréhender le comportement de cette petite sportive. Après, on s’y fait et on prend beaucoup de plaisir à la conduire.
Tout comme l’extérieur, l’habitacle n’a presque pas évolué par rapport à celui de la 5 Alpine atmosphérique. En fait, on note juste l’apparition du manomètre de pression du turbo. Pour le reste, on retrouve les sièges en velours, dotés de petits appuie-tête. Des sièges qui n’offrent aucun maintien des épaules. À l’arrière, le dossier de banquette peut se rabattre et est fractionné en deux parties égales. Et dans le coffre, la planche à chapeau des R5 classiques a été remplacée par un bout de tissu, qui, il faut l’admettre, pend assez lamentablement sous le poids des ans.
En détail...
Renault 5 Alpine Turbo (R122B)
Specifications
Moteur:
Type 840 726, 4 cylindres en ligne, cylindrée 1 397 cc, alésage x course 76 x 77 mm, taux de compression 8,6:1, double carburateur, Solex 32 DIR, puissance 110 ch (DIN) à 6 000 tr/min, couple (DIN) 147 Nm à 4 000 tr/min.
Transmission:
Type NG5 entièrement synchronisé, boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, rapports de transmission : 1er - 3 818, 2e - 2 176, 3e - 1 409, 4e - 1 030, 5e - 0 861, marche arrière - 3 083, transmission finale 3 875.
Suspension:
Suspension avant 2 triangles l'un au-dessus de l'autre, indépendants, barres de torsion longitudinales, barre stabilisatrice. Suspension arrière indépendante, barres de torsion transversales, barre stabilisatrice. Disques de frein avant ventilés de 228 mm, disques de frein arrière de 180 mm, frein de stationnement sur les deux roues arrière. Pneus standard 155/70HR13, roue de secours sous le plancher du coffre
Dimensions:
Wielbasis 2.412/2.442 mm, lengte 3.558 mm, breedte 1.525 mm, spoorbreedte (voor/achter)1.294/1.270 mm, hoogte 1.376 mm (leeg), draaicirkel 9,74 meter (tussen trottoirs). Inhoud brandstoftank 38 liter, inhoud bagageruimte 195 - 875 liter. Totaalgewicht 844 kg, laadgewicht 426 kg, aanhanggewicht 575 kg.
Performances:
Vitesse maximale 185 km/h, accélération 0-100 en 9,1 secondes, consommation 6,3 litres/100 km (90 km/h), 8,5 litres/100 km (120 km/h).