Depuis 1981, Renault était bien implanté sur le marché du tracteur agricole avec les gros modèles de la famille TX. Mais avec la série TZ, le constructeur a poussé les choses encore un pas plus loin. Le modèle 175.74 TZ sera un haut de gamme absolu. Mais il n’a pas été produit longtemps, ce qui le rend très rare.
Bert Kemmere est l’heureux propriétaire de ce tracteur Renault 175-74 TZ. Ce passionné a acheté l’engin en Pologne, pendant la période de Noël 2017. Le tracteur avait alors environ 8.400 heures de travail au compteur. Le modèle a été acheminé chez lui par camion début 2018. Quelques jours après la livraison, le nouveau propriétaire débutait déjà la restauration de l'engin.
« Ma passion pour les tracteurs Renault s’est développée au fil du temps », nous dit Bert. « J’ai vu passer chez moi les modèles 651, 80-14, 90-32 et 461. Le dernier, je l’ai repeint moi-même. Tous ces tracteurs m’ont aussi fait apprécier fortement les moteurs M.W.M.. Ils font toujours bien leur boulot. »
Quant à ce 175-74 TZ, il ne voulait semble-t-il pas sortir de la remorque qui l’a emmené chez Bert. Du moins pas sans mal… « Nous avons dû l’enlever avec un Manitou. Lors du chargement, quelqu’un a sans doute dû tirer trop fort sur le frein à mains, au point que celui-ci ne voulait plus se desserrer. La bonne nouvelle, c’est que le moteur était en état de marche et que même la batterie était encore pleine. »
Lors de sa recherche d’un Renault TX ou TZ, Bert ne visait pas une version spécifique en particulier. Il cherchait avant tout un modèle 120 ou 155. Et finalement, il s’est donc retrouvé face à cette très rare version 175-74 TZ. Le modèle est entré en production fin novembre 1989. C’était le porte-drapeau du département agriculture de Renault jusqu’à l’apparition du 180-94 TZ.
La première phase de la restauration de Bert fut un classique sur ce modèle : la boîte de vitesses. « La première vitesse ne voulait pas rentrer. Et lorsqu’elle entrait, elle sautait ensuite en roulant. Cette boîte de vitesses est différente de celle des autres modèles de la série. Elle provient de chez l’autrichien Steyr et il est difficile de trouver les pièces. Heureusement, une boîte semblable était montée sur le Deutz DX710 et sur les gros modèles de chez Steyr. J’ai eu de la chance qu’un voisin possède deux exemplaires du Deutz en question et qu’il ait fait changer la boîte de l’un d’eux chez un garagiste. Cela m’a permis d’obtenir les pièces nécessaires à ma réparation. J’ai révisé la boîte en compagnie du garagiste. On a tout démonté et tout remonté. Les bagues d’étanchéité étaient heureusement toujours disponibles en vente. J’ai réutilisé le carter de ma propre boîte de vitesses, car celui du Deutz était endommagé.»
Le moteur a donné moins de maux de tête à Bert. Il s’est contenté de monter une nouvelle pompe à eau, de nouvelles durites et un nouvel alternateur. Pour le reste, ce propulseur était en bon état. Par sécurité, Bert a toutefois aussi changé le volant d’inertie du moteur, ainsi que l’embrayage.
Après la technique, place à l’esthétique ! « J’ai repeint moi-même tout ce qui est visible de l’extérieur », nous dit Bert. « Pour cela, j’ai bien sûr utilisé les teintes orange et grise d’origine. J’ai aussi monté d’autres roues à l’arrière : les jantes sont ici une taille plus petite, ce qui a permis de monter des pneus à flancs plus hauts. À l’avant, j’ai élargi les jantes de sept centimètres. C’était un travail difficile, mais je trouve que cela en valait la peine. Je suis satisfait du résultat. »
Le réseau électrique de ce Renault 175-74 TZ fonctionnait bien, même s’il manquait quelques boutons de commande ici et là. Bert est d’ailleurs toujours à la recherche de certains d’entre eux. Mais pour pouvoir retirer la cabine, il a fallu déposer tout le câblage électrique qui, durci, s’est rompu. Il a donc fallu le changer. Bert avait prévu ce travail dès le début, mais celui-ci lui a pris beaucoup de temps.
Notre restaurateur avait pour but de rendre son tracteur le plus proche possible de l’état d’origine et s’est donc aussi mis à la recherche des autocollants spécifiques. Il a dû en faire refaire quelques-uns. Le sticker « Hydrostable» était par contre encore disponible, bien que le délai de livraison fut long.
« J’ai apporté une modification au logo », avoue Bert. « Je l’ai échangé contre un plus récent. Quant au dispositif de relevage, il a été repeint et j’ai changé son huile. Le Tracto-Control fonctionne correctement. »
Bert désirait aussi utiliser son tracteur pour de menus travaux occasionnels. Il a dès lors monté un bras tondeuse de marque Herder. On voit une partie de sa structure sur les photos. Ce bras est place du côté droit de l’engin ; grâce au grand mât, il peut être utilisé pour débroussailler les fossés ou tailler des arbres. Une activité que Bert exerce d’abord à titre privé, mais qui pourrait se révéler rémunératrice à terme.
Bert a restauré son 175-74 TZ en un an seulement. Et il dit ne pas avoir travaillé sur le véhicule en continu. Le processus a été stoppé durant un temps à cause du travail nécessaire sur la boîte de vitesses. « J’attendais la disponibilité du garagiste ou lui la mienne », explique Bert.
Mais aujourd’hui, Bert possède un bien bel exemplaire de ce tracteur Renault très rare. Le type 175-74 TZ n’a été produit (au Mans) qu’entre le 22 novembre 1989 et le 4 février 1992. Au total, seulement 169 exemplaires sont sortis des chaînes de montage. Son successeur, le 180.94 TZ, a lui été produit à 352 unités.
En détail...
Renault 175-74 TZ (R8352)
Moteur:
Type MWM TD 226-B6, 6 cylindres en ligne, cylindrée 6.234 cc, alésage x course 105 x 120 mm, pompe d'injection en ligne, puissance 170 CV (DIN) à 2.350 tr/min, couple (DIN) 61,5 da Nm à 1.500 tr/min, vitesse maxi 40,3 km/h, consommation 268 g/kW/h.
Transmission:
Type Steyr B43-01, 4 vitesses synchronisées, 3 gammes avant/1 arrière, echelonnement en km/h au régime nominal: 1re - 2,3 à 14,9 km/h, 2me - 3,4 à 21,0 km/h, 3me - 4,6 à 28,9 km/h, 4me - 6,4 à 40,3 km/h, marche arrière - 4,1 à 14,0 km/h.
Dimensions:
Empattement 2.760 mm, longueur 5.220 mm (avec lestage), largeur 2.230/2,730 mm, voie avant 1.600 - 2.000 mm, voie arrière 1.700 - 2.200 mm, garde au sol 0,520/0,560 mm, hauteur 3.120 mm (à la cabine), rayon de braquage 10,16 mètres (freiné).
Chassis:
Pneus standard 16,9 - 28 avant, 20,8 - 38 arrière, freins à disques à bain d'huile type HKE 6220 sur abre de differentiel, commande hydraulique. Frein de parc mécanique par levier. Frein de remorque par valve hydraulique. Pont avant moteur axial, angle de braquage 50 degrées, gestion automatique d'enclenchement Blocamatic. Pont arrière: différentiel à 4 satellites, couple conique et réductions épicycloïdales, gestion automatique du blocage de différentiel.
Poids:
Poids total avec lestage 7.455 kg, poids du lestage avant 542 kg. Capacité du réservoir de carburant 225 litres.