Dans les années 50, le studio de design italien Ghia a construit plusieurs voitures de plage dérivées de modèles populaires de grande production. En témoigne cette Jolly, version « grand air » de la Renault 4CV.
Foto's Loïc Kernen
Les modèles de plage conçus par Ghia reposaient principalement sur une architecture de Fiat 500 ou 600. À l’époque, le directeur de la firme,Gigi Segre, s’était inspiré des petites voitures de service décapotables qu’il avait vues dans les hôtels des îles asiatiques. Et ses modèles de plage seront baptisés Jolly. La voiture présentée ici est une Renault 4CV Jolly, qui fut mise en vente le 8 février dernier, lors de la vente aux enchères du Rétromobile parisien, orchestrée par la maison Artcurial.
La 4CV Jolly n’a été produite qu’à une cinquantaine d’exemplaires seulement. Et une grande partie d’entre eux ont vécu aux Etats-Unis. Ce fut le cas du modèle présenté ici : un exemplaire de couleur bleue, parfaitement restauré. On remarque que ce modèle vient des Etats-Unis à ses phares de plus grande dimension, qui permettaient de répondre aux normes locales. Et il s’agit d’un modèle basé sur les dernières 4CV, ce qui se voit aux roues fermées, issues de la Dauphine.
Bien sûr, la carrosserie de la berline Renault d’origine a ici été sérieusement modifiée. Le toit et les portes ont disparu et, afin d’apporter un brin de rigidité à l’engin, les longerons ont été épaissis. Les passagers arrière sont protégés par un petit morceau de tôle monté environ à hauteur du pilier B de la 4CV d’origine.
Pour protéger le conducteur et ses passagers contre les rayons du soleil, toutes les Jolly se couvraient d’une fine toile, quelle que soit leur base technique. Cette toile est fixée dans sa partie avant sur le pare-brise raboté du véhicule, tandis que la partie arrière est suspendue par deux fins piquets. Une toiture qui ne peut bien sûr pas résister aux vitesses élevées… Le tissu au motif blanc et bleu est bordé de franges. Souvent, les sièges avant et la banquette arrière étaient recouverts du même matériau.
L’habitacle était également fortement modifié par rapport à la Renault d’origine, mis à part le tableau de bord, inchangé. Ici, les sièges avant et la banquette arrière disposent d’une assise et d’un dossier en osier tressé, ce qui colle parfaitement avec le caractère estival de cette drôle de 4CV. On précisera que, par rapport à la petite Fiat 500 Jolly, ce modèle sur base Renault est plus habitable et plus puissant.
Sur la carrosserie, on voit que les classiques pare-chocs ont ici été remplacés par d’épais tubes chromés, que l’on retrouve aussi le long des flancs et au-dessus de la banquette arrière, afin que les passagers puissent s’y accrocher. Le passager avant dispose aussi d’une barre de maintien supplémentaire, fixées dans la planche de bord qui est, elle, teintée dans la masse.
La maison Artcurial avait estimé le prix de cet exemplaire entre 45.000 et 65.000 euros. Mais le vendeur a dû se contenter d’un chèque d’un peu moins de 40.000 euros. C’est beaucoup moins que les 106.400 dollars adjugés par Sotheby’s l’an dernier pour un exemplaire similaire.